Marion et Olly : efforts partagés pour courir vers le bonheur

Depuis 2018, Marion Blot est accompagnée de sa chienne Olly dans tous ses exploits sportifs. Canicross et canitrail sont venus remplacer les épreuves traditionnelles de course pour un rétablissement en duo encore plus enrichissant.

C’est lors d’un exercice au camp de La Courtine en 2009 que Marion Blot se blesse. Des complications lui vaudront 8 interventions chirurgicales et de nombreuses hospitalisations. À cette époque, Marion jouait au football et avait réussi à intégrer l'équipe de France militaire mais, après une première Coupe de monde, le rêve sportif prenait déjà fin… Plus de sport, vraiment ?

Comment cette blessure a-t-elle transformé votre vie ? 

Lors de ma 4e intervention chirurgicale, j'ai bénéficié d'une greffe osseuse qui ne s’est pas passée comme prévu. Tout a basculé, physiquement, socialement, professionnellement et surtout psychologiquement... J’avais l’impression que tout s'écroulait autour de moi. L'investissement physique et mental dont j’avais fait preuve jusqu’à présent n’avait servi à rien. Un choc. Le sport était mon métier et une grosse partie de ma vie. J’étais véritablement addict au sport, « bigorexique » en termes médicaux. Moi qui rêvais de sport de haut niveau depuis toute petite, je voyais mes rêves s’envoler d’un coup… Mais à cet instant, je ne savais pas encore que ma place était ailleurs et qu’une autre voie existait. 

Qu’est-ce qui vous a permis de croire de nouveau en vous ? 

La résilience est un long chemin, mais il est possible ! En 2016, j’ai participé à mes premiers Invictus Games, à Orlando, où j’ai décroché 4 médailles. J’ai aussi changé de regard sur mon corps pendant une hospitalisation longue à l'HIA Percy de Clamart (Hauts-de-Seine) : c’était décidé, je ne voulais plus de cette jambe impotente et douloureuse. En 2018, je participe pour la seconde fois aux Invictus Games qui ont lieu en Australie, à Sydney, et subis une 8e intervention à mon retour. Cette fois, je suis dans un nouvel état d’esprit. Je sais que je vais devoir encore avancer, travailler, recommencer, encore et encore. Mais je sais surtout que je dois dessiner une nouvelle page de ma vie. Je suis prête et je suis très bien entourée. 

Quand votre chienne Olly a-t-elle fait son entrée dans votre vie ? 

Deux mois tout juste après l’opération, Olly arrive ! Choisie méticuleusement par son éleveuse pour mon profil, en fonction de mes problèmes de santé… Un nouveau souffle de vie ! Bien sûr, ma fille Sasha et mon mari étaient déjà d’inconditionnels soutiens au quotidien, mais Olly m’a aidée à porter toute ma colère, mes souffrances physiques et mentales, via le sport en duo. « J'ai toujours eu des chiens mais je n'ai jamais eu Une Olly » Ce furent d’abord de longues marches puis des petites courses et enfin de grandes courses ! Olly est là, partout, me tempère et me rassure. J'ai un profond sentiment de sécurité quand elle est à mes côtés, elle est toujours partante et pétillante. À deux, pas à pas, nous franchissons nos petites montagnes et les médecins sont bien conscients de la place qu’Olly a tenue dans mon processus de résilience. Dans cette liberté retrouvée, elle est aussi une force pour notre famille.

Quand votre parcours sportif en duo a-t-il débuté ? 

En 2019, Olly et moi devenons licenciées du Cani Oxy Gers, c’est l’Association Sportive œuvrant pour la promotion des Sports Tractés Mono-Chien (Canicross, CaniVTT, CaniTrott, Canimarche) dans le Département du Gers. Mais le Covid freine l’organisation des courses… J'apprends alors à courir libre, sans attendre de résultat de compétition, juste elle et moi, pour tout lâcher chaque jour. C'est seulement en octobre 2022 que nous participons à nos premières compétitions officielles. Nous avons remporté de nombreuses victoires ensemble, parce qu'il y a beaucoup de respect, de complicité et surtout de plaisir. Nous avons réussi à nous découvrir, à nous dompter, pour nous offrir une nouvelle vie. « Nous courons ensemble, nous nous soutenons, nous gagnons ensemble ».

Comment vivez-vous vos courses avec votre chienne ? 

Lors des canitrails, qui demandent plus d’endurance et moins de vitesse que les canicross, Olly et moi avons le temps de profiter, de nous extasier et de méditer. Quand j’enfile mes baskets, il y a toujours cette notion de rédemption et je remercie mon corps d'avoir accepté tout cela. Je sais la chance que j’ai de pouvoir courir à nouveau car ce fut longtemps ma plus grande peur. Olly m'a montré le chemin de la résilience, elle m'aide à me surpasser et à accueillir les souffrances. C’est alors à moi de rendre sa traction plus facile ou moins difficile.