Rémy Boullé, militaire sportif de haut niveau

À la conquête de l’or paralympique

R.Boullé

Depuis dix ans, Rémy Boullé a fait du paracanoë sa nouvelle raison de vivre. Après un accident de parachute, ce militaire des forces spéciales dépasse ses limites chaque jour et compte bien remporter la médaille d’or le 7 septembre prochain, aux Jeux paralympiques de Paris 2024.

Comment devient-on champion de paracanoë ? 

La vie est toujours une succession d’étapes, plus ou moins difficiles. Caporal-chef au sein des commandos parachutistes de l'air, militaire depuis neuf ans, j’ai été blessé au cours d’un exercice. Pendant un saut sur la base de Gap, la voile de mon parachute ne s’est pas ouverte correctement, et la procédure de secours n’a pas fonctionné. J’ai donc fait une chute libre de plusieurs centaines de mètres, à plus de 50 km/h. Dans mon malheur, j’ai eu la présence d’esprit de tenter d’amortir le choc avec mes jambes… mais l’impact a été puissant. J’ai eu quatre vertèbres fracturées, ce qui a entraîné une compression de la moelle et, finalement, une paraplégie.

 

C’est donc le sport qui a été votre nouveau moteur ? 

Tout à fait ! On m’a alors annoncé que je ne pourrais plus jamais me servir de mes jambes. La nouvelle a évidemment été compliquée à digérer… 

J’étais d’abord effondré, puis je me suis investi au maximum dans la rééducation et la musculation, accompagné moralement et physiquement au sein de l’hôpital militaire de Paris. Au cours d’une séance de rééducation, je tombe par hasard sur un magazine qui parle de paracanoë et des prochains Jeux paralympiques de Rio. Je me dis « ça, je peux le faire ! Il faut que je me batte pour ça ! ». Plus jeune, j'ai été champion régional et départemental de canoë-kayak, ça me semblait donc réalisable. J’ai ensuite enchaîné les entraînements, les compétitions et les remises de prix. 

R.Boullé podium
R.Boullé

Comment s'organisent vos semaines et vos séances d'entraînement ? 

Dans le paracanoë, c’est tout le buste et les bras qui travaillent. Je dois donc m’astreindre à une vraie discipline sportive quotidienne. Je pratique la musculation chaque jour et des sorties en kayak, dès que j’en ai l’occasion. Le kayak est depuis dix ans ma bouée de sauvetage, une source d’énergie vitale. Alors je ne lâche rien, je donne mon maximum à chaque séance, avec toujours un nouvel objectif en tête. Cette fois, ce sont les Jeux de Paris et les épreuves de paracanoë qui auront lieu en septembre en Seine-et-Marne. Je garde aussi du temps pour ma femme et ma fille, qui sont mes plus fervents soutiens. 

En parallèle de mon activité sportive, je suis aussi heureux d’intervenir dans des établissements scolaires et des associations pour parler de mon parcours. Je donne des conférences sur le handicap, la résilience, le dépassement de soi… Je souhaite montrer que rien n’est jamais acquis et que chaque épreuve peut être surmontée, quand on la regarde avec le bon prisme.

Comment l'association Tégo vous soutient-elle aujourd'hui ? 

Le paracanoë a un certain coût. Rien que pour mon embarcation, plus large que les canoës classiques, la machine à pagayer et tout mon matériel d'entraînement, il fallait que je rassemble environ 10 000 euros. Mon employeur, le Centre national des sports de la défense (CNSD) est mon tout premier soutien. Et sans mes sponsors, dont l’association Tégo, l’aventure ne serait pas possible.

Comment abordez-vous ces nouvelles épreuves paralympiques ?  

J’ai hâte ! Même si je sais qu’il me reste encore beaucoup d’heures d’entraînement devant moi avant le mois de septembre, j’ai très envie d’y être. Je sais que la première place est possible, il ne tient qu’à moi de tout donner pour y parvenir ! Je suis fier de continuer à représenter mon pays, comme je le faisais en tant que caporal-chef, mais d’une autre manière désormais.

R.Boullé

Les dates clés de la vie de Rémy Boullé

  • 1988 : naissance à Lure (Haute-Saône) 
  • 2014 : accident de parachute 2015 : après une année de rééducation, reprise du canoë-kayak à Orléans 
  • 2016 : membre de l’équipe de France de paracanoë 
  • 2016 : 5e place aux Jeux paralympiques de Rio (Brésil) 
  • 2021 : médaille de bronze aux Jeux paralympiques de Tokyo 2023 : titre de vice-champion du monde de paracanoë 
  • 2024 : champion d’Europe

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