Cyrille Chahboune, parachutiste blessé
Cyrille Chahboune : Multi-sportif de haut niveau
Cyrille Chahboune mène jusqu’en 2016 une vie de militaire heureux et actif. En mission en Irak avec le commando Parachutiste de l'Air n°10, il est victime d’une explosion. Amputé de ses deux jambes, Cyrille va se reconstruire, grâce au sport, après bien des efforts.
Les dates clés de la vie de Cyrille Chahboune
- 1986 : Naissance le 16 mars
- 2005 : Engagement au sein du Commando Parachutiste de l'Air n°30.
- 2014 : Intégration des “forces spéciales” et du CPA 10
- 2016 : Blessure pendant une mission en Irak par un engin explosif
- 2018 : Intégration de l’Équipe de France Militaire des Blessés en vue des Invictus Game
- 2018 : Membre de l’Équipe de France de volley assis
- 2018 : Médaille d’Or aux Invictus Games de Sydney (Australie) en voile
- 2020 : Participation au sélection nationale en para-tir
- 2022 : Vice-champion du monde de soufflerie / handifly
Pouvez-vous nous décrire votre parcours militaire ?
J’ai été attiré très jeune par l’Armée. Je me suis engagé à seulement 19 ans au sein du Commando Parachutiste de l’Air n°30 et déjà, je savais que je voulais aller plus loin. J’ai exercé dans les différentes sections du module de protection et d'intervention puis dans l'équipe de "Recherche Et Secours AéroLarguée", incluant le groupe de Recherche et Sauvetage au Combat (RESAL).
En 2014, j’ai eu envie d’évoluer à nouveau et j’ai rejoint le CPA 10 ; je suis devenu « chuteur opérationnel à très grande hauteur » en 2016, effectuant des sauts à près de 10 000 mètres d’altitude. J’ai été transmetteur, tireur d’élite longue distance, pilote de drône, envoyé en mission dans de nombreux pays : Tchad, Afghanistan, Libye, Irak, Djibouti, Malaisie, Oman, Mali…
Tout juste quatre jours après mon mariage, en septembre 2016, je suis envoyé en mission en Irak et, un mois plus tard, une explosion me prive de l’usage de mes jambes. Il me faudra une année entière d’hospitalisation et de rééducation à l'Hôpital d'Instruction des Armées de Percy pour me remettre de ces blessures.
Quel a été le rôle du sport dans votre vie d’après ?
J’ai toujours été très sportif; je pratiquais déjà, avant mon accident de nombreux sports; j’étais donc en bonne condition physique. Pendant ma rééducation, j’ai eu la chance d’être équipé de prothèses de haute technologie. J’ai réappris tous les gestes de la vie quotidienne et j’ai très vite eu envie de reprendre le sport.
Dès 2018, j’ai intégré l'équipe de France militaire en vue des Invictus Games de Sydney. J’étais inscrit dans plusieurs catégories : développé couché, voile, natation, de athlétisme, volley-assis et rugby fauteuil. Je suis revenu avec la médaille d’or en voile et une irrésistible envie de poursuivre mes progrès sportifs.
J’ai toujours eu besoin de me surpasser et de chercher l'excellence. C’est déjà ce que je recherchais en intégrant les forces spéciales et c’est ce que j'ai pu retrouver dans le sport de haut niveau. Je souhaite aussi être un exemple pour les suivants et leur montrer que tout est possible si on ne lâche rien.
Quels sports pratiquez-vous désormais, avec quelles particularités au regard de votre handicap ?
Je suis toujours un “touche à tout”, fier de pouvoir performer dans plusieurs catégories sportives. Je pratique le volley assis, le ski, le tir et le parachutisme. Je me suis concentré sur le volley et le para-tir en 2023. Ce sont des sports adaptés, nommés “parasports”, des activités qui ne cessent de se développer et de s’adapter pour être toujours plus inclusives. C’est encore plus vrai avec l'organisation des Jeux Paralympiques 2024 qui auront lieu sur notre territoire !
Le para-tir demande une très grande concentration. On doit contrôler sa respiration, travailler sur son rythme cardiaque pour des tirs toujours plus précis depuis son fauteuil roulant. Le volley assis est un sport très physique qui se joue entièrement en position assise, avec des règles assez similaires au volley traditionnel et un filet fixé à 1,15 mètre.
Pouvez-vous nous parler de la “soufflerie” ?
J’ajoute depuis 2022 une nouvelle corde à mon arc avec la soufflerie, un sport de la chute libre indoor. Il s’agit d’une activité assez récente qui requiert une très bonne coordination et d’importantes capacités physiques. De gros ventilateurs permettent de reproduire exactement les sensations de la chute libre. Je suis vice-champion de France et j’ai terminé en 3e place de la coupe du monde en 2023. Dans ces conditions, avec ou sans mes jambes, c’est tout mon corps qui retrouve les sensations du parachute.
Quels sont vos projets pour 2024 ?
Je vais participer aux Jeux paralympiques de Paris avec l’équipe de France de volley assis ! J’y consacre toutes mes journées : renforcement musculaire, crossfit, entraînements de volley assis, ponctués de sessions de parachutisme et de tir… Je suis accompagné par des coachs et préparateurs sportifs.
Le sponsoring et l’accompagnement d’associations telles que Tégo me permettent de financer mon matériel, mes déplacements et les différents professionnels qui m’aident à progresser.
J’ambitionne aussi de passer mon brevet de pilote d’avion privé et de me qualifier au tir pistolet pour les jeux paralympiques de 2028 et 2032… Affaire à suivre ! .